Au cœur de Lavaux
Au cœur des terrasses escarpées de Lavaux, entre lac, murs de pierres et soleil, je cultive la vigne avec créativité, humilité et un franc-parler qui sent bon la terre. À la tête de mon domaine depuis une trentaine d’années, je représente une nouvelle génération de vigneronnes, bien ancrées dans l’histoire familiale… et résolument tournées vers l’avenir.
Je suis la cinquième génération de vigneron·nes dans la famille Weber-Bovard. L’histoire commence à Riex, au XIXe siècle, quand un certain M. Weber arrive de Berne pour construire la ligne ferroviaire. Il rencontre Louise Bovard, originaire du village, épouse sa fille et, avec elle, reçoit les premières vignes familiales. Une dot, à l’époque… Pas très féministe, je vous l’accorde, mais c’est ainsi que l’aventure a commencé.
Ayant grandi à Cully, l’appel du dehors, du travail manuel, du rythme des saisons m’a attirée bien plus que les bureaux. Je suis partie me former en Suisse alémanique, puis à Neuchâtel, j’ai fait mes classes dans différentes exploitations et même en station de recherche fédérale. À 19 ans, je me suis associée à mon père. En 2011, j’ai repris seule les rênes du domaine. Depuis, je travaille à ma manière: avec intuition, exigence, et une envie constante de partager.


Trois terroirs, trois soleils, une signature
Mes vignes s’étendent dans un rayon de trois kilomètres autour d’Épesses, sur trois appellations emblématiques de Lavaux: Épesses, Calamin et Dézaley. Là, le Chasselas – cépage roi de la région – révèle trois visages très distincts.
- À Épesses, mes vins sont légers, floraux, parfois tilleul – parfaits pour l’apéro.
- Le Calamin, plus minéral, tendu, presque salin, accompagne à merveille les poissons ou les produits du terroir.
- Le Dézaley, plus ample et généreux, déploie des notes de pêche, d’abricot et de fruits mûrs.
Les différences viennent du sol, de l’argile ou de la roche, mais aussi de l’exposition, du microclimat… et des trois soleils qui façonnent Lavaux:
- le soleil direct qui caresse les vignes,
- celui qui se reflète sur le lac comme un miroir,
- et celui emmagasiné par les murs de pierre, qui diffuse encore sa chaleur bien après le coucher du soleil.
C’est cette alchimie, unique au monde, que vous retrouverez dans mes bouteilles.
Une vigneronne qui parle vrai
Ce qui m’anime, c’est le travail bien fait, les saisons qui s’enchaînent, le plaisir d’être dehors… mais aussi la rencontre. Je vois souvent des gens arriver à la cave en s’excusant de “ne rien y connaître”. Mais pour moi, le vin, c’est une affaire de goût, pas de jargon.
Comme les couleurs: certain·es aiment le rouge, d’autres le jaune. Dites-moi ce que vous aimez, je vous fais goûter. C’est tout.
J’aime expliquer simplement, transmettre, accueillir. Pour moi, le vin doit rester accessible, vivant, vibrant. Il raconte une histoire ancienne… et toujours en mouvement.


Des spécialités à découvrir
Au-delà du Chasselas, j’aime expérimenter. Je vinifie un Chardonnay en barrique ou en mousseux, un vin doux presque liquoreux, des rouges comme le Pinot-Gamaret, le Merlot ou encore la Syrah.
Je travaille aussi avec le Plant Robert, un cépage vaudois rare – comme un clin d’œil à la richesse locale. Il y a des cépages qui sont nés ici. Autant en prendre soin… et les faire vivre.